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21 novembre 2008

Mayonnaise de cluster et salades idéologiques

<p><p><p><p><p><p>Mayonnaise de cluster et </p></p></p></p></p></p>

"Le danger est de casser des liens pluridisciplinaires,
les plus générateurs de créativité,
d’une communauté qui a mis des dizaines d’années
à se constituer et à élaborer ses codes"

Roger Fourme, chercheur au synchrotron Soleil

 

Mais où sont donc passés les chercheurs ? Pas très visibles depuis la relance du projet d’aménagement du plateau par Christian Blanc, mis à part des déclarations de la présidente de l’Université Paris Sud, Anita Bersellini, estimant que le corps enseignant est "massivement d’accord". Cela peut se comprendre, vu les conditions actuelles de travail dans les bâtiments dégradés de la faculté d’Orsay, comme l’expliquait une chercheuse (tout en le déplorant), lors de la réunion publique organisée hier par le GALU de Palaiseau.

Au cours de cette réunion, Roger Fourme, directeur scientifique du synchrotron Soleil pendant plusieurs années, a montré de façon très vivante et vécue combien ce que l’on faisait miroiter aux chercheurs était un leurre, voire un piège. Certes, le pôle de recherche constitué autour de la Faculté d’Orsay, des centres de recherche et des écoles du plateau de Saclay constitue un potentiel formidable qui pourrait être mieux exploité, accord sur ce point du chercheur avec Christian Blanc. Mais l’accord s’arrête là. Tout le projet de l’Etat, argumente le chercheur, s’appuie en effet sur une conception "inexacte et tendancieuse" de l’état de la science française, vue à travers le prisme déformant du classement de Shanghai et repose sur une conception du cluster ne tenant pas compte des relations "très complexes" qui se nouent entre les différents acteurs d’un cluster, et qui font que la mayonnaise prend ou ne prend pas. On retrouve là des arguments que nous avions avancés d’un point de vue général dans notre récente lettre à Christian Blanc. Cela est très rassurant (et en même temps inquiétant) de les voir avancés de façon très concrète par un praticien local de la recherche, preuve qu’on n’était pas à coté de la plaque.

Mais le chercheur va plus loin, en analysant les soubassements idéologiques à l’oeuvre derrière tout cela. Il s’agit de mettre la recherche publique au service des plus grands groupes privés (et eux seuls) au moyen d’un pilotage des orientations scientifiques s’appuyant sur les nouveaux instruments de financement et d’évaluation de la recherche que sont l’ANR et l’AERES. Cela permettra au passage de "casser" ce repère de gauche un peu incontrôlable que constitue la Faculté d’Orsay.

Il y a donc beaucoup à perdre en gagnant des locaux flambant neuf, comme le résume la phrase citée en introduction de cet article. Proposition de l’intervenant : face à la "stratégie du choc", (pour reprendre le titre du dernier ouvrage de Naomi Klein) impulsée par l’Etat, il est urgent de prendre le temps de bien penser à ce que l’on fait, en mandatant l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST), instance parlementaire, pour analyser en profondeur tous les tenants et aboutissants de la question.

L’Etat saura-t-il se mettre à l’écoute des acteurs ou persistera-t-il dans ses visées bonapartistes ?

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Commentaires
T
Je suis un ancien professeur de l'Université d'Orsay et je pense que le déménagement( envisagé par certains planificateurs )de l'Université n'est ni justifié, ni raisonnable. <br /> 1°Par expérience je peux dire qu'un déménagement coûte horriblement cher. J'ai déménagé une bonne quinzaine de fois mes biens personnels pendant mon existence... mais déménager du matériel scientifique ,c'est le pire de tout ! ( j'ai déménagé trois ou quatre fois le matériel du labo où j'exerçais ( changement de place supérieur à plusieurs kilomètres ou carrément changement de ville ) et je sais ce que ça représente en temps de travail, non productif, c'est-à-dire qui ne donne pas de résultat scientifique). A part le mathématicien pur qui n'a en gros que sa bibliothèque à déplacer ( cartons) , la reconstitution d'un laboratoire ( avec ses aménagements spécifiques adaptés à des recherches particulières) est complexe, beaucoup plus coûteuse que le devis proprement dit de transport des objets d'un lieu à un autre. Arrivé au pied de l'escalier c'est le début des soucis et problèmes et la résolution de tous les détails représente des années de travail et des années de 'crédits de fonctionnement'. Je ne parle pas des tensions et frictions internes générées entre l'ensemble des gens qui déménagent : elles sont inévitables, car les locaux que l'on retrouve - surtout dans la fonstion publique - sont rarement à la hauteur des promesses antérieures ! Il y a de quoi gâcher ou casser durablement l'ambiance d'un laboratoire.<br /> 2° Il serait heureux que nos ministres se soumettent eux-mêmes à un petit test avant de bouleverser l'Université d'Orsay. Test qui pourrait être de déménager un service dans un ministère. Et de faire ce test sous contrôle d'huissiers pour constater la durée effective de remise en route du service ( c'est-à-dire le moment où toutes les personnes sont de nouveau au travail ) et de faire le bilan du coût réel de déménagement ( en particulier en heures de travail perdues ). Encore s'agit-il d'un déménagement bien facile, des bureaux ,des armoires, des dossiers, à peu près l'équivalent du déménagement d'un mathématicien. <br /> 3°Nos gouvernants sont accoutumés à une conduite tape-à-l'oeil des affaires universitaires et d'aménagement du territoire. Au contraire les décideurs devraient être responsables sur leur fortune personnelle des ordres donnés, afin que la bonne éxécution des projets soit réalisée sans dépassement du budget. Si cette obligation de responsabilité personnelle était en vigueur dans la fonction ministérielle, on verrait les planificateurs qui nous gouvernent, agir avec beaucoup plus de prudence et d'économie.<br /> 4°<br /> Une Université c'est aussi un tissu humain . Il est plus que probable que des désordres importants seront causés par un déménagement général . Mais objecterons certains "un déménagement est une stimulation salvatrice". J'ai envie de dire "oui" ... à condition que l'on soit seul à déménager et que l'environnement général reste en place. Si tout le monde déménage en même temps,c'est un peu comme un coup de pied dans une fourmilière : tout le monde perd ses marques er ses repères et il faut du temps pour reconstituer des habitudes efficaces.<br /> C'est pourquoi je pense sincèrement qu'il est hautement recommandable que l'Université subsiste dans ses locaux actuels ; et je le dis d'autant plus sereinement que je ne défends les intérêts de personne, ni d'aucun laboratoire en particulier , seulement le principe d'économie des moyens mis à disposition de L'Université par la Nation. Ce n'est pas en fichant des millions et des milliards dans des déménagements que l'on prend la bonne voie vers une meilleure productivité.<br /> François THEOBALD
L
Envoyé par Michelle Lauton, élue au CA de l'Université Paris Sud ... en poste à l'IUT de Sceaux <br /> <br /> Les décisions gouvernementales concernant le Plateau de Saclay ont été annoncées au moment où, après les votes des lois "Pacte de la Recherche" et "Libertés et Responsabilités des Universités", l'Enseignement Supérieur et la Recherche sont dans la tourmente : volonté de démantèlement de la recherche publique, mise en cause du métier et des statuts des personnels, ...<br /> Des universiatires ou leurs organisations se sont exprimés, mais la grande presse n'a jamais repris leurs argumentations. Seule l'agence spécialisée Education (AEF) a repris partiellement nos interventions. En voici quelques unes. <br /> Lors de la réunion du CA du 3 novembre qui a à nouveau discuté du Plan Campus, j'ai fait une intervention que je peux résumer de la manière suivante: <br /> "Les membres du CA de Paris Sud 11, les personnels et les étudiants ont appris par la presse les hypothèses formulées par Christian Blanc de déménagement des laboratoires d'Orsay sur le plateau de Saclay. Or, le projet de « plan campus » voté par le conseil d'administration (CA) de l'université, validé par le ministère le 11 juillet et pris en compte dans le quadriennal prévoit la rénovation des bâtiments dans la vallée, concerne l'aménagement du plateau du Moulon et comporte seulement le déménagement de certains laboratoires. Ce projet en attente d’arbitrage et de précisions est très différent du projet proposé actuellement.<br /> Les personnels et les étudiants de l’université, quel que soit leur site actuel d’exercice et leur statut, sont inquiets. On ne peut imaginer que soient transférés des services d’enseignement et des laboratoires de recherche sur un site ne comportant jusqu’ici que des champs, sans que soient installées les infrastructures de transport et de vie nécessaires et sans que la continuité soit assurée. Certains laboratoires sont vraisemblablement difficilement déplaçables. Des secteurs entiers souhaitent aujourd’hui rester dans la vallée. On nous dit que les bâtiments de la vallée accueilleraient des entreprises. Mais comment croire qu’il serait moins coûteux de rénover pour des entreprises, et comment ne pas imaginer que certains entrevoient des opérations immobilières à usage d’habitation de luxe dans ce cadre superbe ? Dans le même temps, des hypothèses de déménagement de Chatenay Malabry se font jour. Les choix qui seront faits pour l’avenir de Paris Sud 11 concernent les personnels et les étudiants. Ils influeront fortement sur les conditions de recherche et d'enseignement.<br /> Le CA a montré qu'il était attaché à préserver l’ensemble de l’Université Paris Sud 11. Il doit être associé, ainsi que les personnels et les étudiants, à la définition, à l’étude et à la mise en œuvre d’une solution qui donnera la perspective d'un réel progrès pour le futur et toutes garanties pour le présent, tant pour les étudiants et la communauté scientifique que pour le service public de recherche et d'enseignement supérieur.".<br /> Depuis, il y a eu la validation en Conseil des Ministres (12/11/2008) de la création d’ »un « cluster » scientifique, technologique et d’innovation économique autour et sur le plateau de Saclay ». Le gouvernement a franchi un cap. Il veut concentrer des établissements de recherche et d’enseignement supérieur, publics ou privés, très largement imbriqués. Cette annonce, non concertée avec la communauté universitaire et ses représentants syndicaux, suppose le déplacement de plus de 20 000 étudiants, de milliers d’universitaires, chercheurs et personnels administratifs, techniques ou de bibliothèques, sur des terrains cultivés, sans moyen de transport et notamment le métro. Avec la construction des nouveaux bâtiments, le déménagement de la Fac d’Orsay, les terrains dans le cadre boisé et agréable de la vallée feraient l’objet d’une opération foncière. Tout ou partie d’autres sites (Chatenay, Sceaux, Cachan,…) pourraient rejoindre le Plateau. On peut légitimement s’inquiéter sur l’intégrité de l’Université Paris Sud et sur l’avenir de ses diverses implantations. Issu d’ambitions politiciennes, ce projet ouvre une course au gigantisme, à une « compétition internationale » (Cf classement de Shanghai) qui n’a rien à voir avec des objectifs scientifiques ou des missions de service public d’enseignement supérieur et de recherche. Un « établissement public de type nouveau », qui pourrait en préfigurer d’autres, limiterait la participation de la communauté universitaire à la vie démocratique et aux décisions, avec un exécutif désigné par l’état. <br /> Les syndicats de la FSU (SNESUP, SNCS, SNEP) sont à l'initiative ( A G, information des collègues, interventions dans les conseils, …) pour que les universitaires, les chercheurs, les personnels, les étudiants, les élus locaux, fassent entendre leur volonté. <br /> Le SNESUP,au niveau national , s'est exprimé dans un communiqué de presse, et le prochain mensuel mentionnera les interventions locales.<br /> Des syndicats (FSU, CGT, UNSA, SGEN Recherche, SUD, UNEF) et organisations (SLR, SLU) se battant contre le démantèlement de la recherche publique et ses organismes font référence aux " projets de subordination au privé à grande échelle (Plateau de Saclay)" dans le tract d'appel à la journée du 27 Novembre (blocage du CNRS, manifestation du Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche à l'Agence Nationale de la Recherche).
H
D'accord bien que je ressente un manque d'analyse POLITIQUE de la situation. <br /> Objectivement, le projet de C. Blanc est à la croisée de plusieurs orientations fortes:<br /> <br /> 1 La ligne de force idéologique et économique qui souhaite exploiter les talents scientifiques actuels au service de la recherche appliquée, objectif rentabilité à court terme, sans considération pour le démantèlement consécutif de la recherche fondamentale qui a formé ces talents.<br /> <br /> 2 Le besoin dans l'agenda présidentiel d'une communication nationale dans le domaine de la recherche et du développement, appuyée sur une réalisation concrète (batîments inaugurés devant des caméras)<br /> <br /> 3 Une vision structurante de l'organisation économique et politique de l'Ile de France dans les 20 à 30 prochaines années (à mettre en // avec les choix faits pour la Seine St Denis dans le passé ): préserver l'ouest parisien, articulé autour de Versailles, avec à l'ouest l'agriculture préservée et les maraichages bio (en plein développement dans cette zone protégée par le Chateau) et à l'est la zone du plateau de Saclay fournissant à l'espace économique et gestionnaire versaillais la matière à son activité: d'ouest en est: activités nobles (automobile, aerospatial), service (Toussus, aviation d'affaire), habitations de Toussus à Saclay, bétonnage induit implicitament par le metro prévu , le cluster (enseignement d'élite scientifique ET gestion + recherche et incubateurs d'entreprises), zone d'activités industrielles moins nobles et plus polluantes jusqu'à Massy et Orly.<br /> <br /> 4 La volonté politique de reprendre le leadership en IdF au niveau régional et départemental conduisant à nier le travail effectué pour le SDRIF<br /> <br /> 5 La nécessité dans les 5 ans à venir de fournir de l'activité aux entreprises du batiment (maintien de l'emploi, croissance induite dans le système économique actuel, utilisation des talents et des matériels - par ex. tunnelier... - survie du batiment français dans l'environnement européen)<br /> <br /> 6 En complément du point 5, mise en place du financement de ces infrastructures par les contribuables (évoqué lors de la réunion), en obligeant légalement les collectivités locales à y souscrire (avec l'idéologie sous jacente de fournir à long terme pour les partenaires privés des revenus prélevés directement sur les contribuables sans passer par l'impôt national, donc limitant le champ d'action de l'Etat dans ce domaine)<br /> <br /> 7 Une réorganisation de fait en Ile de France, le plateau de Saclay devenant l'espace enseignement supérieur+recherche noble, relèguant les enseignements plus appliqués à d'autres lieux et campus.<br /> <br /> Il me semble que les points 3 à 7 suffisent à montrer que l'implication de l'opposition politique (actuellement majoritaire en région, département, et communes) est nécessaire dans l'analyse de la situation.<br /> Le seul regard scientifique (recherche fondamentale démantelée, gaspillage des frais de rénovation engagés, incohérenge de gestion dans le financement du synchrotron Soleil) est loin d'être suffisant, même renforcé du soucis écologique de sauvegarde des terres agricoles et du développement durable, agriculture de proximité.<br /> La position du député maire F Lamy ne semble pas bien claire au regard de ces choix, et mériterait d'être interrogée sur ces points. Pour avoir assisté à la dernière séance du conseil de la CAPS et à la réunion publique organisée hier par le GALU de Palaiseau, l'information du public m'a semblée incomplète. et surtout, sur les points 1,2,5,6 dont tout responsable politique devra fixer les orientations, je ne vois pas de projet alternatif.<br /> <br /> En conclusion, en observant la carte présentée lors de la réunion, comment peut-on imaginer résister à la disparition des terres agricoles sans contre analyse et contre projet global en IdF ?
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