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14 mars 2009

Un Cluster avec béton et sans moteur…

Au fur et à mesure que le projet de Campus OIN avance,
on se dit que l’on est en retard d’un demi siècle.
C’est dommage pour une zone de haute technologie d’avenir.
Un demi siècle, ou deux siècles d’ailleurs ?

Un demi siècle car ce n’est qu’à l’aune du bâti, du construit, de l’investissement matériel que les pilotes du Cluster semblent agir. Et alors on se croirait dans l’après guerre, quand le bâtiment va, tout va disait-on !
On parle déménagement, emménagement, comme si nous étions dans la construction d’une chaîne de montage et qu’il fallait que les ouvriers soient dans un même espace pour engendrer des gains de productivité… Là on se retrouverait quasiment dans la manufacture d’épingle d’Adam Smith… (1776 !).

De quoi souhaiterait-on entendre parler pour défendre un projet contemporain, pensant le territoire et l’engendrement de connaissances pour faire face aux défis du XXIème siècle (pour parler comme l’UE) ? Ou, pour le dire différemment, comment penser un développement qui ne pense pas une croissance matérielle, que l’on sait insoutenable ? Il n’est pas question ici de défendre la décroissance, mais de penser les outils pour cesser l’accumulation infinie de marchandises (1).

On souhaiterait entendre parler d’une dynamique de projets scientifiques. Cela n’exclut pas l’investissement matériel, mais  implique d’abord, des investissements immatériels : de la confiance, des relations, des contenus scientifiques, des coopérations, des dispositifs permettant des apprentissages communs, des espaces communs aussi certes, des instances délibératives et collaboratives.
Pas essentiellement besoin d’être éloigné de moins de 10 km pour travailler ensemble, il faut un avenir commun, et une confiance réciproque.
Nombre d’ouvrages de ces dernières années (l’âge des accès de Rifkin, la société de réseau de Castells, le capitalisme cognitif de Moulier-Boutang…) ont montré le caractère central de l’immatériel, des réseaux d’acteurs, d’une société épistémique (communauté de savoir)…

Cohn Bendit défend avec quelques autres, une nouvelle fable des abeilles : ce qui importe n’est pas tant le miel, que la pollinisation. Qu’est ce donc ? Une réflexion sur les connexions, les échanges, et non seulement sur l’infrastructure.

L’investissement immatériel, c’est bien sur la connaissance elle-même, mais c’est aussi la structure de gouvernance, celle qui assure que les institutions sont prêtes à avancer, à partager…
Le plan Campus est bien loin de ce nouveau mode de développement. Il est pensé dans la logique du NMP (Nouveau Management Public), qui met les personnes, les équipes et les entités en compétition. C’est la compétition pour les fonds, pour les partenariats, pour les postes… Or, cela est aux antipodes de ce qui fonde la coopération scientifique, qui suppose un langage et des objectifs communs, et donc pas une lutte pour être toujours mieux classés que le collègue… Penser la dynamique collective d’un Cluster passe par de la diffusion, qui suppose de la confiance et non essentiellement de la concurrence. Oui bien sur dans le plan Campus il y a du scientifique, c’est sans nul doute un grand projet scientifique d’ampleur mondiale… mais ce qui chagrine, c’est le manque de coopération
La connaissance ne s’engendre pas seulement dans un labo flambant neuf, elle s’engendre dans les usages, dans les réseaux, dans les coopérations, dans les partenariats sur des projets communs. C’est là l’esprit du Cluster.

Là encore un ENORME hic : le plan Campus, comme la LRU n’ont pas pensé un instant la question clé de tout le système éducatif français, ce qui fonde sa schizophrénie entre l’université de masse et les grandes écoles. Ce système produit un écrémage : accaparement des moyens, de la réputation et des ‘élites‘ par des grandes écoles qui ne sont que des nains à l’échelle internationale. C'est comme si on pensait une équipe de basket avec deux profils : quelques géants sous alimentés (les facs) et quelques nains survitaminés…Il n'est alors  pas facile de créer de la cohésion…

Bien sur, on aurait envie aussi de dire que l’abandon de la politique d’aménagement du territoire, au profit d’une concentration sur des pôles régionaux, c’est revenir avant les années 1950…
Penser les synergies ne se fait pas  uniquement par le bâti mais par un travail plus sous-terrain, plus humble peut-être, pour penser l’agir commun, et non l’agir des uns contre les autres. Certes, c’est moins honorifique que d’inaugurer des palais de verre... Mais nous préférons penser aux personnes, aux espaces dans lesquels ils vivent, avant de penser la visibilité des projets.

(1) i.e. En référence à la première phrase du Capital « La richesse des sociétés dans lesquelles règne le mode de production capitaliste s'annonce comme une "immense accumulation de marchandises" ».

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