Grand Paris : la concertation autoritaire
Christian Blanc est un gars pratique. Si une loi ne lui convient pas, il la contourne simplement par une autre. Dans le projet de loi du Grand Paris, l’article 3, consacré à la concertation, est de ce point de vue un petit bijou jacobin.
Revenons un peu en arrière. En mars 2008, tout juste nommé, le secrétaire d’État chargé du développement de la région capitale, truelle à la main et casque de chantier sur la tête, bout d’impatience. Il estime que la procédure de débat public est trop lente. Les mauvaises langues diraient qu’elle risque surtout de mettre au grand jour les incohérences de ses projets d’aménagement. Quoi qu’il en soit, en juin 2008, il missionne donc de hauts fonctionnaires et les charge de plancher sur « l'accélération des procédures relatives aux projets d'infrastructures en Île-de-France ». Le rapport tombe en décembre 2008, et il est fort clair : « A l'issue de l'examen auquel elle a procédé, la mission (…) a écarté ce qui lui paraît être la « fausse bonne idée » de réduire d’une façon ou d’une autre les phases du débat public et de l’enquête publique. ».
Impossible de passer en force, Christian Blanc passera donc en ruse : l’article 3 du projet de loi relative au Grand Paris consiste ainsi à créer de toutes pièces une procédure de pseudo-concertation qui se substitue à la voie normale de saisine de la Commission nationale du débat public (CNDP), en imitant ses méthodes, mais à un gros détail près : c’est un représentant de l’Etat (le préfet, donc) qui mènera (tambour battant) la concertation, en lieu et place de la CNDP. L’Etat se retrouve donc juge et partie. Christian Blanc nous dit en substance : la concertation c’est moi. Rusé, certes, mais un peu gros. D’où l’étonnement, les regrets et l’inquiétude de la CNDP, termes policés pour ne pas dire colère…
à suivre l’analyse de l’article 29, consacré aux transports…