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1 décembre 2010

Où l’on retrouve l’archipel de Veltz, dopé de certitudes

Jouy, 30 novembre.

Débat sur le Grand Paris, un débat qui fleure bon la novlangue du cluster, de la polarisation, de l’attractivité. Le modèle de développement est clairement exprimé : hyperconcentration et spécialisation reliés par un supermétro. Jolies cartes, argumentaires huilés, appuyés par de beaux exemples (Projet Seine amont, assez convaincant avec polarisation sur de l’urbain existant).

Un joli contraste au final, entre la Société du Grand Paris, pleine de certitude, des invités somme toute bien critique... et une salle plus critique encore.

Quelques trous noirs cependant, illustrés par deux chiffres donnés en séance par Gérard Lacoste (directeur général adjoint de l'Institut d'Aménagement et d'Urbanisme).

Un million d’emplois supplémentaires à l’horizon 2030. De quoi faire dire plus tard à Veltz : il faut choisir : soit vous restez les provinciaux d’un monde qui bouge, soit nous serons au cœur d’un pôle mondial de demain… Ceci dit le million d’emploi n’est en rien prouvé… Pourtant JC Prager (Directeur des Etudes Economiques de la Société du Grand Paris, excusez du peu) nous répond que l’économétrie le prouve… mais que nous n’avons pas besoin de ses calculs et nous prend pour des imbéciles. Ce n’est pas à la hauteur d’un débat public.
Et 93% des emplois nouveaux sont annoncés sur les huit pôles hyperconcentrés.
Vous avez bien compris que le grand huit relie ces pôles…. Mais, chiffre complémentaire, seulement 3 % des trajets en Ile de France relient deux lieux de travail (et moins encore, 1,7 %, en transport en commun)… Qu’est ce à dire ? Que les déplacements n’ont pas principalement trait à l’activité de travail, mais servent à aller au travail.
Mis cote à cote, ces deux chiffres montrent que la concentration ne traite pas des problèmes des habitants… Mis à part une intervention dans la salle qui a donné la bonne idée à Veltz de répondre, rien n’a ainsi été dit ou presque sur l’existant : le RERB notamment…
Autre fait têtu, la rapidité croissante des transports ne réduit pas le temps de déplacement, mais, permet de facto à un bassin plus éloigné d’accéder à un bassin d’emploi, comme l’a expliqué Marc Wiel (mais nous reviendrons sur son intervention )…

A propos des clusters et de la polarisation qui semble être un facteur majeur de coordination et de synergie, Gérard Lacoste nous a aussi montré de bien belles cartes qui nous permettent tout d’abord de voir que les frontières des clusters sont très floues. Avant que le grand paris ne s’empare de ces réalités, ces agglomérats d’activités s’étendent bien au-delà des jolies taches dessinées sur une carte… Ceci rendant dérisoire tout  projet de déplacement de quelques km d’universités ou centre de recherche… et bien peu opérationnel un transport rapide de point à point. Seconde découverte… Les clusters ne sont pas spécialisés, mais au contraire multipolaires… Sympa les invités du débat, qui ont montré en termes certes très diplomatiques que la Société du grand Paris était assez largement à coté de la plaque.

Ainsi, une fois encore le discours se veut performatif, il veut voir et croire dans une réalité unique et incontournable. Le discours situe des clusters sur une carte défiant la réalité, focalisant sur une géographie mythifiée. Au final nous avons un joli archipel de 8 clusters avec un beau réseau ferré… sans un mot sur son financement.
Mais pourquoi parler d’Archipel ? On vous donne la clé. Mondialisation, ville et territoire, L'économie d’archipel, c’est le titre du très bon bouquin de Pierre Veltz sur la mondialisation des organisations… bouquin écrit avant qu’il ne se mêle trop de projets présidentiels…

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Commentaires
C
Le débat public CNDP a cette qualité que tout ce qui y est dit est public, et même public au delà de la réunion, puisque qu'après un petit délai, le verbatim de la réunion est disponible. Voici donc ci-dessous ce que Pierre Veltz a pu dire au sujet de l'esprit provincial régnant sur l'actuel plateau de Saclay, verbatim en ligne sur le site du débat public Grand Paris:<br /> <br /> "Moi, je constate qu’aujourd’hui, ces étudiants du monde entier, nous en avons relativement peu parce qu’ils ne nous connaissent pas, parce que nous sommes provinciaux, parce que nous portons des marques que personne ne connaît à commencer par les plus prestigieuses parfois d’entre elles. L’école polytechnique est connue de ceux qui la connaissent, mais c’est un cercle assez restreint à l’échelle du monde. Il faut dire les choses comme elles sont. Alors que Stanford, Harvard, MIT, ce sont des marques qui rayonnent aujourd’hui dans le monde. Et donc pour moi, la question est extrêmement simple. C’est : est-ce que l’on veut jouer dans cette cour-là ou est-ce que l’on veut se contenter de rester dans une cour nous allons dire plus provinciale ? Voilà."<br /> <br /> Il ne nous semble pas que nous ayons trahi les propos qui ont été tenus. Nous écrivions: "soit vous restez les provinciaux d’un monde qui bouge, soit nous serons au cœur d’un pôle mondial de demain…" Et bien soit, le "vous" aurait dû être un "nous", mais l'esprit des propos rapportés nous semble fidèle. Nous ne souhaitons pas "anathémiser" mais débattre. Un débat respectueux, où nous pouvons être un peu moqueur, mais où nous ne travestissons pas les propos. Nous savons que les travaux et la pensée de Pierre Veltz sont fins et constructifs ... et c'est aussi pour cette raison que nous considérons que le projet de Saclay, de par son caractère dirigiste et ainsi peu démocratique ne correspond pas aux écrit de Veltz l'intellectuel.<br /> <br /> Dans son commentaire, Pierre Veltz s'inquiète de notre provincialisation ("nous: la France dans son ensemble"), interrogation légitime. Mais la réponse peut-elle être un entassement sur un campus ? C'est ce que nous contestons.<br /> <br /> Les Citoyens Actifs et Solidaires
V
Bonjour,<br /> <br /> juste une précision : à aucun moment je n'ai prononcé la phrase que vous m'attribuez. "soit vous restez les provinciaux.. soit.. etc." Je ne comprends même pas ce que cela veut dire!! Je respecte les opposants au projet !. Alors, libre à vous d'anathémiser par principe tout ce que nous pouvons dire , écrire ou dessiner, et d'y voir au mieux des intentions perverses habilement déguisées quand la lettre de ce qui est dit ou montré ne vous choque pas immédiatement, mais au moins ne me faites pas dire ce que je n'ai jamais dit. <br /> <br /> Je partage avec ma petite équipe, et beaucoup d'autres, à commencer par la totalité des acteurs scientifiques présents sur le plateau, quelques convictions simples et rustiques: développer la coopération scientifique et technologique entre les institutions présentes à Orsay-Saclay donnera à ce pôle plus de visibilité et plus de fécondité ; accueillir dignement ceux qui souhaitent rejoindre ce pôle d'ores et déjà exceptionnel (13% des effectifs nationaux du CNRS, par exemple), et que personne ne force à venir (Agro, Centrale, ENS Cachan, etc;) est crucial; pour cela il faut essayer de faire des campus dignes de ce nom , et pas des parc anonymes de bureaux, étalés et tristounets, où on ne peut circuler qu'en voiture; il faut créer du logement de qualité en quantité significative pour les étudiants, en profitant de l'opportunité de mixer enfin les étudiants des écoles et de l'université; cela suppose des accès en transports en commun costauds, si on veut sortir du tout-voiture actuel; tout cela est faisable en mordant très peu sur l'espace cultivé, dès lors qu'on s'attache d'abord à densifier les campus existants (polytechnique, Moulon); il y a au contraire une magnifique occasion de trouver de nouvelles formes d'alliance et de complémentarité entre espace rural et espaces urbains; enfin, c'est vrai, je pense que notre place dans le monde, si nous ne voulons pas nous "provincialiser" (nous : la France dans son ensemble, pas vous...!!!) est liée à notre capacité de booster notre (encore) magnifique potentiel scientifique et que le regroupement de Saclay peut y contribuer. Voila, je crois que ce sont mes seules certitudes! Pour le reste, on essaiera de faire au mieux<br /> <br /> Au passage, merci pour la pub pour mon bouquin. Vous pouvez aussi lire "La grande transition" au Seuil, plus récent et mon bouquin sur les grandes écoles (aux presses de sciences po). Vous ne risquez rien, il ne sont pas toxiques, eux aussi ont été écrit avant que je ne vienne à Orsay. Bien cordialement<br /> <br /> Pierre Veltz
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